L’histoire du village
et de la maison
Histoire du village
Félicien, légionnaire romain, était fils d’un citoyen illustre de Vienne (IIe siècle après JC). Il se convertit au christianisme au cours d’un voyage à Rome et prêcha l’évangile aux païens à son retour en Gaule.
Condamné à mort en raison de sa foi, il est décapité avec ses deux amis Exupère et Séverin. Les trois martyrs furent ensevelis par des fidèles en un lieu nommé « Brenacium ».
Bien plus tard, au Ve et VIe siècle, à la suite d’une révélation miraculeuse, leurs corps furent retrouvés et leurs reliques transportées en l’église St-Romain de Vienne.
Sous le règne de Charlemagne, quand l’Archevêque Barnard de Vienne fonda l’abbaye bénédictine St-Pierre de Romans, il décida d’y transporter les reliques des trois saints à Saint Félicien. La translation eut lieu en 841 et l’église fut placée sous leur vocable.
Saint Félicien est un village qui s’est créé autour d’un prieuré fondé au Xe siècle par des moines fondateurs de l’abbaye Saint-Pierre de Romans. L’église de Saint-Félicien est le seul vestige de ce prieuré.
Histoire de la Maison
La maison a été construite sous Napoléon III en 1859 par Louis COURTIAL de DORNAS alors âgé de 35 ans. A cette période, Saint Félicien est un village de plus de 2000 habitants.
La maison a été bâtie en lieu et place d’un bâtiment abritant une teinturerie bâtie sur le lieu noté « la Croix » sur la carte de Cassini (1780) et en face d’un calvaire.
Deux grands réservoirs en pierre sont bâtis en haut du terrain. Ils sont alimentés par une source se situant juste au-dessus de la propriété. Ces réserves d’eau étaient indispensables à l’activité de teinturerie. Ils ont ensuite alimenté en eau chacune des petites vasques de la maison jusqu’au 2nd étage.
Mais pour comprendre pour quelle raison et comment Louis COURTIAL de DORNAS, à peine âgé de 35 ans, a été en mesure de construire cette demeure dans un village si reculé, il faut quitter l’époque Napoléon III et remonter à celle de Louis XV.
Car Louis COURTIAL de DORNAS, né le 2 décembre 1822, a grandi au château de Dornas. Demeure de famille depuis 1771, située à une trentaine de km à vol d’oiseau au sud-ouest de Saint Félicien.
Ses parents, Jean-Louis et Hortense COURTIAL de DORNAS, d’ailleurs mariés à Saint Félicien le 21 juillet 1818, étaient propriétaires de domaines et de terres dont Jean-Louis a hérité d’un arrière-grand-oncle : Ignace COURTIAL de DORNAS.
En plus des terres et des domaines (seigneurie de Borée et Contagnet et les terres de Chambarlhac), Jean-Louis est le propriétaire d’une usine de soierie, appelée aussi « moulinage » située autour du château.
En 1844 le moulinage Courtial emploie alors 6 hommes et 42 femmes. Il est équipé d’une roue hydraulique et de 6 moulins pour la torsion du fil. La soie grège provient d’Aubenas (zone d’élevage des vers à soie) et la production est l’organsin (deux ou plusieurs fils de soie grège assemblés et tordus deux fois en inversant le sens pour la seconde torsion). Les « organsins » de soie sont transportés à dos de mulets par les caravanes de muletiers vers Lyon et Saint Etienne.
Jean Louis COURTIAL décède à Bozas le 21 octobre 1849. Il est alors cité avec son épouse, Hortense COURTIAL de DORNAS née DESBOS, propriétaire du château de Massa situé sur la commune de Bozas (située à moins de 4 km de Saint Félicien).
Le château de Dornas et le moulinage sont vendus en 1850.
A la mort de son père, Louis COURTIAL a 27 ans et s’occupe de la gestion des domaines de la famille. Ayant des projets de mariage avec une certaine Marie PEALA (née en 1836) il l’épouse au château des Reymonds à Tence, village situé en Haute Loire à une trentaine de km à l’ouest de Saint Félicien et fief de la famille PEALA depuis 1749.
Après leur mariage, le 5 mai 1857, le jeune foyer s’installe au château de Massa à Bozas.
Le 27 avril 1859, Marie COURTIAL de DORNAS née PEALA donne naissance à leur premier enfant, Joseph.
Mais Marie meurt tragiquement le 10 mai 1859, deux semaines après la naissance de Joseph. Elle est alors âgée de seulement 23 ans.
C’est à cette date que Louis décide de quitter Massa et de construire une maison dans le village natal de sa maman, à Saint Félicien, sur le terrain de la teinturerie au lieu-dit noté « La Croix » sur la carte Cassini.
C’est en effet la famille de la mère de Louis COURTIAL, Hortense DESBOS, qui est originaire de Saint Félicien. Issue d’une famille de notables bien établie. Hortense est née à Saint Félicien pendant la révolution française et y a été baptisée en 1794. A cette époque, le village de Saint Félicien compte un peu plus de 1800 âmes.
Louis COURTIAL fait donc construire la maison « Croix de Lumière » où vous vous trouvez dans des circonstances dramatiques.
Plus de 10 ans après cet épisode, Louis épouse en secondes noces, le 4 février 1868, Joséphine PEALA, petite sœur de sa défunte épouse. Son fils Joseph était alors âgé de 9 ans. Un peu plus d’une année plus tard, Louis et Joséphine ont un fils, le 30 mai 1869 : Auguste COURTIAL de DORNAS.
En 1881, à l’âge de 22 ans, Joseph COURTIAL de DORNAS se souvenant probablement de son auguste arrière-grand-oncle Ignace COURTIAL, capitaine de frégate sous Louis XV, s’engage dans la Marine.
De son côté, en 1890, Auguste COURTIAL de DORNAS entre à 21 ans à l’école préparatoire du concours de Polytechnique à Paris. Il y est accepté pour trois années d’étude en 1892. Mais il meurt à 23 ans le 22 septembre de la même année.
En 1893, Joseph est nommé chevalier de la légion d’honneur à 34 ans avant de se marier à 36 ans, le 30 juillet 1895 à Marseille avec Marie Thérèse GIRARD, alors âgée de 22 ans. Ils restent vivre à Marseille avec leurs 6 enfants : Louis (1896), Auguste (1898), Madeleine (1903), Geneviève (1904), Marie-Thérèse (1906) et Régis (1908).
Joseph meurt en 1918 alors âgé de 59 ans. Nous ne savons pas si son épouse resta vivre à Saint Félicien ou à Marseille.
Nous savons cependant que 20 ans plus tard, la maison les accueillit tous pendant la guerre 39-45. Pendant cette période, les enfants de Marie-Thérèse COURTIAL et Auguste-Marie ANCEY son époux : Sabine (1932), Bernard (-), Hélène (1936), Odile (1938) et Roseline (1943) rejoignent l’école du village. Saint Félicien compte aussi 2 pensionnats tenus par la Sœur supérieure Marie des Anges BANC. Elle se fait remarquer en cachant des familles juives. De retour à Marseille après la guerre, Auguste-Marie ANCEY meurt dans un tragique accident de la route. Geneviève habita la Croix de Lumière pendant près de 40 ans jusqu’au début des années 1980.
A la mort de Régis, dernier enfant de Joseph, qui a d’ailleurs fait faire beaucoup de travaux de réfection, la maison tombe en indivision et ne peut être reprise par un héritier.
La maison est vendue en 1998 puis en 2020.